Différences fiscales entre permis B et permis L pour les expatriés en Suisse
Pour les expatriés, le type de permis de séjour joue un rôle crucial, non seulement pour l’accès au marché du travail et la durée de séjour, mais aussi pour les obligations fiscales.
Les permis les plus fréquemment délivrés aux travailleurs étrangers sont le permis B (permis de séjour) et le permis L (permis de courte durée). Chaque statut entraîne des conséquences fiscales différentes que les expatriés doivent connaître.
Cet article explique en détail les différences entre ces permis, leurs implications fiscales et les obligations des expatriés dans chaque cas.
Aperçu des permis de séjour en Suisse
Permis B : permis de séjour pour une durée plus longue
Le permis B est généralement délivré aux ressortissants étrangers ayant un contrat de travail de longue durée (au moins 12 mois) ou un contrat à durée indéterminée. Il est valable en général pour un an et renouvelé chaque année.
Permis L : permis de courte durée
Le permis L est destiné aux séjours de courte durée, généralement inférieurs à un an. Il est étroitement lié à la durée du contrat de travail et est principalement accordé aux expatriés en mission temporaire ou sur projet.
Traitement fiscal des expatriés avec permis L
Impôt à la source comme principale forme d’imposition
Les expatriés titulaires d’un permis L sont, dans presque tous les cas, entièrement soumis à l’impôt à la source. L’employeur prélève directement l’impôt sur le salaire et le reverse à l’administration fiscale.
Pas de déclaration ordinaire requise
Étant donné que le séjour est temporaire et qu’il n’y a généralement pas de patrimoine en Suisse, les titulaires d’un permis L n’ont pas à remplir de déclaration fiscale ordinaire. L’impôt à la source couvre l’ensemble de l’obligation fiscale.
Exemples pratiques
- Un ingénieur espagnol vient à Genève pour un projet de six mois : il reçoit un permis L et son revenu est entièrement soumis à l’impôt à la source.
- Une consultante indienne travaille neuf mois à Zurich : elle est également soumise à l’impôt à la source, sans déclaration fiscale supplémentaire.
Traitement fiscal des expatriés avec permis B
Imposition à la source avec exceptions
Pour les titulaires d’un permis B, l’imposition se fait également à la source, sauf s’ils possèdent un permis de séjour C. L’impôt à la source couvre en principe le revenu.
Imposition ordinaire en fonction de certaines conditions
Contrairement au permis L, les titulaires d’un permis B peuvent être soumis à une déclaration fiscale ordinaire si :
- le revenu annuel dépasse CHF 120’000, ou
- des revenus supplémentaires proviennent de patrimoine, participations ou biens immobiliers.
Dans ce cas, une déclaration complète est exigée et l’impôt à la source est crédité.
Perspective à long terme
Le permis B, renouvelé chaque année et signalant un séjour prolongé, implique souvent des obligations fiscales supplémentaires, notamment pour le patrimoine en Suisse ou à l’étranger.
Lien avec la sécurité sociale
Cotisations AVS/AI/APG
Indépendamment du type de permis, les titulaires de permis L et B cotisent à l’AVS, à l’AI et à l’APG, les contributions étant prélevées sur le salaire.
Assurance chômage
Les deux groupes sont également soumis à l’assurance chômage. Les expatriés avec permis B bénéficient souvent davantage, car leur séjour prolongé permet de remplir plus facilement les conditions d’admissibilité.
Assurance maladie
Tous les expatriés doivent souscrire une assurance maladie dans les trois mois suivant l’arrivée. En cas de déménagement dans un autre canton, un droit spécial de résiliation s’applique.
Différences fiscales détaillées entre permis B et L
Obligation de déclaration
- Permis L : aucune déclaration ordinaire, uniquement l’impôt à la source.
- Permis B : impôt à la source avec éventuelle obligation de déclaration ordinaire.
Lien fiscal durable
- Permis L : obligations fiscales généralement limitées à la durée du projet et au départ.
- Permis B : séjour prolongé entraîne des obligations plus larges, notamment pour les revenus et patrimoines mondiaux.
Conventions de double imposition
Les titulaires de permis B bénéficient plus souvent des ADI, en raison de la résidence prolongée et des revenus transfrontaliers. Pour les permis L, cela joue généralement un rôle secondaire.
Situations particulières pour les expatriés
Frontaliers
Les personnes avec permis L ou B travaillant en Suisse mais résidant à l’étranger sont soumises à des règles spécifiques selon le pays de résidence (ex. Allemagne, France, Italie).
Conjoints et famille
Pour les expatriés mariés avec enfants, les barèmes sont ajustés. Pour les titulaires de permis B, ces ajustements peuvent être plus pertinents fiscalement, car ils passent plus souvent par une imposition ordinaire.
Patrimoine à l’étranger
Les titulaires de permis B avec séjour prolongé doivent déclarer leur patrimoine à l’étranger en Suisse, alors que cela joue généralement peu pour les titulaires de permis L.
Erreurs fréquentes et conseils
Erreurs fréquentes
- Croire que le permis B implique uniquement l’impôt à la source → oublier l’imposition ordinaire pour revenus > CHF 120’000
- Oublier de déclarer le statut familial ou les obligations de soutien → barème de l’impôt à la source incorrect
- Négliger les obligations de notification en cas de changement de résidence ou d’employeur
Conseils pratiques
- Vérifier attentivement le type de permis, car il détermine les obligations fiscales
- Préparer tôt les documents pour l’imposition ordinaire en cas de séjour prolongé
- Tenir compte des conventions de double imposition pour les revenus et patrimoines internationaux
- Recourir à un conseiller fiscal pour les situations complexes
Conclusion
Les différences fiscales entre permis B et L sont importantes pour les expatriés. Le permis L entraîne presque exclusivement une obligation d’impôt à la source et est fiscalement simple, tandis que le permis B implique des obligations plus étendues, surtout pour les revenus élevés ou les patrimoines supplémentaires.
Connaître ces différences permet de se préparer à temps, d’éviter les erreurs et d’optimiser la charge fiscale, rendant le séjour en Suisse fiscalement transparent et planifiable.
