Indépendance professionnelle pour les expatriés en Suisse : opportunités et obstacles fiscaux
De nombreux expatriés qui viennent en Suisse ne veulent pas seulement poursuivre leur carrière en tant que salariés, mais également franchir le pas vers l’indépendance professionnelle. La Suisse offre pour cela un environnement attractif : une économie stable, un cadre entrepreneurial flexible et des revenus élevés.
Cependant, les ressortissants étrangers doivent respecter des conditions particulières – tant pour les autorisations que pour la fiscalité et la sécurité sociale.
Cet article explique les conditions à remplir pour devenir indépendant, le traitement fiscal applicable et les opportunités ainsi que les défis associés.
Conditions pour devenir indépendant en tant qu’expatrié
Autorisation de séjour
La possibilité de devenir indépendant dépend fortement du type d’autorisation de séjour :
- Autorisation B : les expatriés titulaires d’une autorisation B peuvent généralement devenir indépendants, mais doivent obtenir l’accord des autorités cantonales.
- Autorisation C : les expatriés titulaires d’une autorisation C peuvent s’établir comme indépendants sans restriction.
- Autorisation L : pour les expatriés avec une autorisation L, l’indépendance est en général impossible, car l’autorisation est limitée à un employeur spécifique.
Conditions de création
Pour créer une entreprise, les mêmes règles que pour les citoyens suisses s’appliquent. Les formes juridiques possibles sont :
- Entreprise individuelle
- SARL (Société à responsabilité limitée)
- SA (Société anonyme)
Fiscalité de l’indépendance professionnelle
Impôt sur le revenu
Les indépendants déclarent leur bénéfice comme revenu. Cela signifie :
- Revenus moins dépenses = bénéfice imposable
- Le bénéfice est soumis à l’impôt sur le revenu aux niveaux fédéral, cantonal et communal
Impôt sur la fortune
Les fonds propres de l’entreprise sont intégrés à l’impôt sur la fortune personnel.
TVA
Les indépendants doivent s’inscrire à la TVA si leur chiffre d’affaires annuel dépasse CHF 100’000. Certaines activités sont exemptées (ex. prestations médicales, enseignement).
Sécurité sociale pour les indépendants
AVS/AI/APG
Les indépendants paient eux-mêmes l’intégralité des cotisations AVS/AI/APG. Le taux de cotisation varie entre 5,4 % et 10 % selon le montant du bénéfice.
Prévoyance professionnelle
Contrairement aux salariés, il n’existe pas de prévoyance professionnelle obligatoire (deuxième pilier) pour les indépendants. Ils peuvent toutefois souscrire volontairement ou se concentrer sur le pilier 3a.
Assurance accidents et santé
Les indépendants doivent organiser eux-mêmes leurs assurances. Particulièrement importantes : l’assurance indemnités journalières en cas de maladie et l’assurance accidents professionnels.
Opportunités de l’indépendance pour les expatriés
Flexibilité
Les expatriés peuvent développer leurs propres idées et profiter de l’économie libérale en Suisse.
Environnement attractif
La Suisse offre un pouvoir d’achat élevé, un système juridique stable et un cadre favorable aux modèles d’affaires innovants.
Réseautage international
Les expatriés peuvent utiliser leur réseau international pour explorer des niches sur le marché suisse.
Obstacles fiscaux et administratifs
Fiscalité complexe
Les indépendants doivent gérer eux-mêmes leurs impôts et constituer des provisions pour éviter des paiements supplémentaires.
Double imposition internationale
Les expatriés avec des revenus dans plusieurs pays doivent vérifier l’application des conventions de double imposition, en particulier pour les services numériques à clients internationaux.
Obligation comptable
Selon la forme juridique et le chiffre d’affaires, des obligations comptables détaillées s’appliquent.
Exemples pratiques
Exemple 1 : expatrié avec entreprise individuelle
Un designer italien crée une entreprise individuelle à Zurich. Il paie l’impôt sur le revenu sur ses bénéfices et les cotisations AVS lui-même. Comme son chiffre d’affaires est inférieur à CHF 100’000, il n’est pas assujetti à la TVA.
Exemple 2 : expatriée avec SARL
Une développeuse canadienne crée une SARL à Bâle. Elle est à la fois associée et gérante. Elle perçoit un salaire soumis à l’impôt à la source et aux cotisations sociales. Le bénéfice de la SARL est imposé séparément au titre de l’impôt sur les sociétés.
Erreurs fréquentes et conseils
Erreurs fréquentes
- Démarrer en indépendant sans l’accord cantonal avec une autorisation B
- Ne pas constituer de réserves pour les impôts et les cotisations sociales
- Négliger l’obligation de TVA
Conseils pour les expatriés
- Clarifier tôt l’autorisation de séjour et le statut d’indépendant avec les autorités
- Consulter un fiscaliste ou fiduciaire, surtout pour les revenus internationaux
- Vérifier et adapter les assurances
- Planifier soigneusement l’idée d’entreprise et constituer des réserves financières
Conclusion
L’indépendance professionnelle offre de grandes opportunités aux expatriés en Suisse, mais nécessite une planification minutieuse. Les autorisations de séjour, les obligations fiscales et les assurances sociales doivent être respectées. Connaître le cadre légal permet de créer une entreprise avec succès et de profiter des avantages du marché suisse.
